lundi 28 avril 2008

Von Kunst und Politik

Samedi 26 avril 08

La politique mécène de l'art. L'exposition qui se tient actuellement à la Marie-Elisabeth-Lüders-Haus dévoile les collections de photographies amassées depuis 1969 par le Bundestag (Parlement). Histoire de voir sous l'oeil de quels artistes les députés prennent leurs décisions, ces oeuvres faisant le tour des bureaux! On retrouve ainsi les oeuvres "plastiques" de Christian Boltanski, Sylvie Fleury, Carsten Höller, Hans Hemmert (voir détail photo), qui côtoient les photographies "historiques" telle la fameuse envolée de la statue de Lénine suite à la chute du Mur...

samedi 26 avril 2008

Wolfgang Tillmans. Lighter

Considéré comme l'oeil documentaire de l'underground festive des années 1990, le photographe allemand Wolfgang Tillmans, dont les premiers portraits s'inscrivent dans la veine trash et crue d'une Nan Goldin, sait aussi faire émaner de ses travaux une grande part de sensibilité. Révéler la face poétique des petites choses de la vie : l'empreinte froissée que laisse un corps sur un vêtement, les plis que forment la peau au détour d'un mouvement, la vue d'un paysage au travers d'une vitre embuée...le tout bercé par la fugacité d'un rayon de lumière quasiment "divin". Le photographe touche aussi à la vidéo pour nous plonger dans des mers de couleurs pures, que ce soit par un gros plan fixe sur un bain bouillonnant de petits pois, ou par l'immersion directe au coeur de la matière picturale d'un rouge éclatant dans les machines d'imprimerie. 

Tillmans passe ainsi du thème de l'insoutenable légèreté de l'être à celui de la pure abstraction, par l'expérimentation d'effets lumineux sur la couche sensible du papier photographique. En résulte entre autres de profonds monochromes aux variations colorés imperceptibles, ou encore la célèbre et sublime série des Freischwimmer, qui oscille entre lignes, ombres et subtils camaïeux. Un choix de 200 travaux parmi une oeuvre prolifique faite de photographies, d'installations et de vidéos de 1986 à 2008 est actuellement visible à la Hamburger Bahnhof. A voir absolument!



vendredi 25 avril 2008

Hamburger Bahnhof - Museum für Gegenwart Berlin


Ce qui a de bien à Berlin, c'est d'une part la multiplicité des lieux consacrés à l'art (contemporain), et d'autre part la beauté des espaces qui mettent les oeuvres en valeur. Après les superbes Berlinische Galerie et Neue Nationalgalerie, je visite enfin "Le" musée d'art contemporain de la ville: la Hamburger Bahnhof (gare de Hambourg). Le concept reprend celui d'Orsay: transformation d'une ancienne gare en musée. On pénètre d'abord dans un jardin au milieu duquel trône l'imposante façade néoclassique (1840'), ornée des empreintes de pinceaux de Niele Toroni illuminées par les néons de Dan Flavin


Ouvert au public depuis 1996, le fonds de la Hamburger Bahnhof est en partie constitué de l'exceptionnelle collection du Dr Erich Marx, dont les oeuvres de grandes dimensions trouvent particulièrement leur place dans cet espace grandiose. 

                                   Andy Warhol, Erich Marx, 1978

L''immense halle à trois nefs avec sa 
structure de poutres en fer 
apparentes, fait en ce moment la lumière sur la colossale bibliothèque en acier et en plomb remplie de photographies (Volkszählung) d'Anselm Kiefer et permet au Berlin circle de Richard Long de s'étendre de tous ses 1245 cm de circonférence (voir photo). Deux galeries latérales, réparties sur deux niveaux, proposent la suite du parcours dans les collections contemporaines. Magnifiques Cy Twombly, une aile entièrement consacrée à Joseph Beuys, entre autres oeuvres des figures majeures du XXe siècle telles Robert Morris, Bruce Nauman, Robert RauschenbergJeff Koons, Matthew Barney, Anish Kapoor...De quoi passer toute une après-midi dans ce lieu magique et envoûtant! 
Une partie de l'espace est réservé aux expositions temporaires. Un clin d'oeil en passant aux hilarantes photographies du couple infernal Anna & Bernhard Blume à l'honneur actuellement. Dans la gigantesque superficie située en sous-sol, sont présentées jusqu'au mois d'août une rétrospective Wolfgang Tillmans (voir l'article) et les oeuvres photographiques de la collection Friedrich Christian Flick.

Neue Nationalgalerie

Jeudi 24 avril 08

Avant même de s'extasier sur les chefs d'oeuvre de la collection de la Neue Nationalgalerie (Nouvelle galerie nationale), pause obligée devant le bâtiment même. Ce cube de verre lumineux et d'acier est une réalisation tardive (1968) du grand architecte allemand du Bauhaus, Mies Van der Rohe. Prouesse technique - une ossature ultra légère supporte un immense toit à caissons - ce véritable "temple" version moderne, cache ses trésors dans son sous-sol de granit. 


L'espace visible de l'extérieur étant destiné aux expositions temporaires, une partie des artistes de la Biennale d'art contemporain l'occupent en ce moment.

Chronologiquement situées dans la continuité des collections de la Alte Nationalgalerie et juste avant celles de la Hamburger Bahnhof, les oeuvres présentées couvrent donc la période allant du début du XXe siècle aux années 1960. La priorité est donnée aux principaux mouvements avant-gardistes européens : Cubisme (Picasso, Gris, Léger), Surréalisme (Dali, Miro, Ernst), Bauhaus (Klee, Kandinsky, Schlemmer), Cobra (AlechinskyJornAppel), Art Informel (Wols, Soulages, Fautrier),  Nouvelle Objectivité et Expressionnisme allemand en particulier. Quel bonheur d'avoir sous les yeux ces tableaux célèbres si souvent vus dans multitudes d'ouvrages d'histoire de l'art! Le regard sanglant d'Otto Dix sur les horreurs de la guerre comme dans Skatspieler ("Invalides de guerre jouant aux cartes") ; l'angoissante vision proposée par Kirchner de la Postdamer Platz, peuplée de prostituées et autres gens de la nuit aux corps allongés qui s'exposent dans une architecture dont les lignes expressionnistes obliques ne sont pas sans rappeler celles que forment aujourd'hui ses buildings étourdissants ; les caricatures au vitriol de Georges Grosz comme les Piliers de la société forment un ensemble riche et représentatif de la période entre deux guerres. On continue d'arpenter l'art du XXe siècle en se noyant dans les Colour Field de la peinture américaine de Newman et Stella, en passant par le mouvement Zero (Otto Piene , Uecker) ou encore la Nouvelle Peinture de Polke, Richter et Baselitz. En résumé, un beau panorama essentiellement pictural pour revenir aux sources de l'art moderne et réviser ses classiques! 


Topographie des Terrors

Mercredi 23 avril 08

De ce qui n'est aujourd'hui qu'un grand terrain vague - assez glauque - bordant la Wilhem Strasse et la Niederkirchner Strasse, reste dans les mémoires comme un des lieux les plus terribles de l'histoire du XXe siècle: le quartier institutionnel du Troisième Reich. Bien qu'il ne reste aujourd'hui plus rien du quartier général de la Gestapo, du commandement central et du service de sécurité des SS, photos et documents d'époque sont là pour nous le rappeler dans l'exposition permanente "Topographie des Terrors" (Topographie de la Terreur). 


Entre 1933 et 1945, avec la concentration de ces institutions en un site, ce domaine est en effet devenu le quartier gouvernemental du régime national-socialiste SS et de la police d'Etat. C'est là qu'Himmler et ses assistants ont leurs bureaux, d'où sont prises les grandes décisions concernant la persécution des opposants politiques, la "germanisation" des territoires occupés en Pologne et en U.R.S.S., l'assassinat de prisonniers de guerres soviétiques et le génocide des Juifs européens. 

L'histoire de ce lieu se poursuit pendant la guerre froide, un morceau de Mur témoin est encore là...

mercredi 23 avril 2008

Architecture contemporaine: balade au coeur du quartier du Gouvernement

Lundi 21 avril 08

S'étendant au nord et à l'ouest de la Postdamer Platz, le Regierungsviertel (quartier du Gouvernement) a totalement transformé le paysage urbain de ces dix dernières années. Emplacement initialement prévu pour l'ambitieux projet "Germania" imaginé par Hitler - la nouvelle capitale du monde dessinée par Albert Speer  dans les années 30'-, puis vaste zone en friche bordant le Mur et accueillant des concerts de rock, le Spreebogen (coude de la Spree) s'affirme à présent comme le nouveau centre de la République.

La Paul-Löbe Haus et le Reichstag

Autour du Reichstag et de part et d'autre de la Spree, se trouvent aujourd'hui les maisons Paul-Löbe et  Marie-Elisabeth-Lüders. La première, Maison des députés, abrite les bureaux des membres du Parlement ainsi que des salles de conférences. 

La Paul-Löbe-Haus vue de la passerelle

Elle est reliée par une passerelle symbolisant la réunification de la ville partagée à la 
Marie-Elisabeth-Lüders-Haus, qui renferme les archives du Bundestag. De taille humaine en comparaison aux écrasants édifices qui l'encerclent, cette bibliothèque se pose sur la rive de la Spree comme un havre de paix et de beauté. Sa façade vitrée donne naissance à des reflets variant selon l'intensité lumineuse et mêlant ciel, eau et bâtiments alentours. Un endroit calme et reposant...

Marie-Elisabeth-Lüders-Haus dans le coude de la Spree

Conçus par l'architecte allemand Stefan Braunfels, ces tous nouveaux bâtiments de verre et de béton sont en parfaite harmonie avec celui de la Chancellerie, située à l'ouest, et les huit blocs qui composent la Jakob-Kaiser-Haus, à l'est.

La Chancellerie (au-dessus) et la Jakob-Kaiser-Haus (au-dessous)

dimanche 20 avril 2008

Die Zeit, die bleibt

Soirée théâtre avec la pièce d'Ulf Otto "Die Zeit, die bleibt" (Le temps qui reste) dans la très sympathique Sophiensaele
Réflexion sur l'avenir, entaché par les catastrophes naturelles, les famines, le manque d'amour et le règne de l'immoralité. Dans une énergie de fin de siècle, six jeunes comédiens ne manquent pas d'humour pour exprimer leurs inquiétudes, incertitudes, perte des repères face aux grands thèmes de la vie, de la mort, de la religion, de l'humanité, etc. Avec pour référence de mode de conduite à adopter les icônes télévisuelles de la pop-culture, ils s'interrogent, un peu perdus ou cloisonnés dans le mensonge, sur leur no future. 

Pièce participative, le public se voit affublé d'un casque relié à une petite radio portative dès son entrée dans le bar de la salle, ainsi que d'un mystérieux rouleau de plastique blanc. Une voix lui dicte les instructions à suivre pour le bon déroulement des opérations. Cet appareillage ne quittera le spectateur qu'à la fin ultime de la pièce, le public achevant la représentation au milieu de la cour de la Sophiensaele, en blouse blanche (le mystérieux rouleau de plastique) mi-ange, mi-malade interné, sous le regard quelque peu interrogatif des passants... Une fin autant apocalyptique que drôle donc, qui colle parfaitement aux propos de l'auteur!

Caroline Halley à la galerie Camera Work

Samedi 19 avril 08

Dernier jour de l'exposition "Time and Silence" de la photographe française Caroline Halley à la galerie Camera Work. Voyage en noir et blanc au coeur des cultures cambodgienne, égyptienne, afghane, indienne, tibétaine et népalaise avec cette série de photos prises entre 1999 et 2005. Portraits d'hommes et de femmes dans leur quotidien qui semblent d'une autre temporalité, ancrés dans la tradition et étrangers aux changements du monde et à son industrialisation, on reste ici dans la grande lignée des photographes humanistes tel Sebastiao Salgado ou Robert Capa.


Les oeuvres sont particulièrement bien mise en valeur dans les superbes locaux de la galerie Camera Work, qui possède des tirages d'époque des photographes célèbres comme Diane Arbus, Man Ray, Robert Frank, Richard Avedon, Dorothea Lange, Irving Penn, Helmut Newton, etc.

vendredi 18 avril 2008

Mauermuseum Checkpoint Charlie

Vendredi 18 avril 08

YOU ARE LEAVING THE AMERICAN SECTOR

Traduite en allemand, en russe et en français, voici l'inscription qui se trouve sur la pancarte du légendaire poste frontière Ckeckpoint Charlie, symbole de la guerre froide. Ce troisième point de contrôle constitue de 1961 à 1989 la principale porte d'accès pour les Alliés, étrangers et diplomates en transit entre les deux Berlin. Les chars américains et soviétiques s'y font face en octobre 61, mettant ainsi le monde au bord d'une troisième guerre mondiale. Aujourd'hui, la reconstitution d'un corps de garde de l'armée américaine et la réplique du fameux panneau se dresse au milieu de la Friedrich Strasse, pour conserver la mémoire de ce lieu historique.

C'est à cet endroit que se trouve aussi la Haus am Ckeckpoint Charlie, musée privé fondé en 1962 par Rainer Hildebrandt, qui regroupe documents papier et photos, objets d'époque, films et panneaux explicatifs retraçant l'histoire du mur. Point stratégique de rencontre pour les résistants au régime de la RDA (soldats déserteurs, passeurs, clandestins...), ce musée singulier présente entre autre les stratagèmes les plus fous pour passer outre le mur : ballons gonflables, cerf-volants à moteur, voitures ayant servies à l'évasion, remonte-pentes, mini sous-marin pour traverser la Spree, canoë, échelle spéciale pour enjamber le mur et poulies en tous genres, multitude de tunnels creusés de part et d'autre de la ville, cachettes improbables dans des valises, des haut-parleurs, des bobines pour câble de chantier... et ce malgré les dispositifs meurtriers mis en place pour maîtriser toute tentative de transgression (arme à tir automatique sur le mur, grilles avec pointes au fond de l'eau...).


Une présentation assez confuse et dense mais des témoignages et des documents intéressants qui rendent hommage aux victimes du mur et permettent de comprendre un peu mieux ce que pouvait être la vie d'un allemand de l'est dans ces années-là.

Alte Nationalgalerie

L'Alte Nationalgalerie (Ancienne Galerie Nationale) renferme dans son temple grec (1876) à trois niveaux les collections de peintures et de sculptures européennes du XIXe siècle. 
On note au milieu de cette profusion, une superbe salle est consacrée à Caspar David Friedrich et une autre aux artistes français (en particulier de l'Impressionnisme) avec des oeuvres de Manet, Cézanne, Monet, Renoir, Gauguin, Rodin...


Altes Museum

L'Altes Museum (Ancien Musée), imposant édifice typique du classicisme allemand, abrite en son rez-de-chaussée les oeuvres archéologiques de petite dimension (les sculptures monumentales se trouvent au Pergamonmuseum), provenant essentiellement de la civilisation grecque. 


L'étage est quant à lui réservé à la superbe collection de pièces datant de l'Egypte antique, en particulier de l'époque du pharaon Akhénaton et de sa femme Néfertiti, dont le musée possède son fameux buste.



Museumsinsel: l'ïles aux Musées


Jeudi 17 avril 08

En plein coeur du quartier Mitte et de la Spree, se trouve une île sur laquelle s'est construit au XIX e siècle un ensemble de cinq grands musées, renfermant de véritables trésors... Sculptures, peintures et objets anciens composent la vitrine des collections royales s'échelonnant de la période de l'antiquité au XIXe siècle. C'est en effet sous l'impulsion des souverains européens, inspirés par la vague de démocratisation de l'art issue du siècle des Lumières et de la Révolution française, que vont se créer à partir de la fin du XVIIIe siècle les grands musées que sont le Louvre, le British Museum, ou encore le Prado. Frédéric-Guillaume III et ses successeurs s'emploient à en faire de même, c'est ainsi que naîtrons l'Altes Museum, le Neues Museum, l'Alte Nationalgalerie, le Bode Museum et le Pergamonmuseum. L'architecte "officiel" Karl Friedrich Schinkel est en charge des travaux. 
En 1999, cet immense complexe muséal est inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO. S'en suivent depuis d'importants remaniements et restaurations afin de moderniser ces monuments.

jeudi 17 avril 2008

Mort Aux Vaches Ekstra Extra

City-Grundschule Berlin Mitte
Sebastianstrasse 57

Nous revoilà dans la peau d'écoliers pour cette "performance" (ou plutôt monologue) orchestrée par le professeur du jour, l'artiste danois Goodiepal. C'est munis d'un schoolbook, d'un stylo et d'un
vinyle que nous allons nous asseoir dans la salle de classe, afin de participer tous ensemble à la composition du nouveau morceau Mort Aux Vaches Ekstra Extra...

Brandenbürger Tor

Autre fort symbole de la ville situé à quelques pas du Reichstag, la Porte de Brandebourg nous apparaît aujourd'hui dans un parfait état après restauration. Construite en 1791 par Carl Gotthard Langhans, l'architecte s'inspire alors des "Propylées" (entrée monumentale) de l'Acropole d'Athènes. Les six colonnes doriques sont surmontées d'une sculpture de Johann Gottfried Schadow, représentant la déesse de la Victoire ailée conduisant un char tiré par des chevaux. C'est la seule porte qui subsiste aujourd'hui de l'ensemble des 18 qui jalonnaient la ville.



Celle qui incarnait autrefois la division de l'Allemagne pendant la guerre froide, est aujourd'hui le symbole de sa réunification. En effet longée par le mur, la Porte de Brandebourg reste fermée et verrouillée pendant plus de 28 ans sous le régime communiste, située en plein coeur de la zone interdite et de la bande minée des dispositifs frontaliers de la RDA. Ce n'est qu'en 1989 à la chute du mur, qu'elle redevient axe de circulation entre l'est et l'ouest.

Le Reichstag


Mardi 15 avril 08

Lieu éminent de l'histoire allemande, l'actuel siège du Bundestag (le Parlement allemand) doit son nouveau look à Norman Foster. Vu de l'extérieur, l'architecture monumentale néo-renaissance de Paul Wallot (1894) est totalement rénovée. L'intervention toute en finesse et transparence de l'architecte britannique est avant tout perceptible de l'intérieur, en particulier lorsqu'on se rend au sommet de l'édifice pour admirer l'incroyable coupole vitrée ultra moderne et son "entonnoir" miroitant de mille éclats. 

Parmi les événements majeurs qui ont rythmé la vie du Reichstag depuis sa création, il faut commencer en 1918 par la proclamation de la République d'Allemagne par Philipp Scheidemann. A partir de 1933, l'édifice va être le témoin de grandes agitations en ces temps de guerre. Tout d'abord incendié par les nazis, c'est en ses murs que sont ensuite votés les pleins pouvoirs à Hitler, marquant ainsi la fin de la République de Weimar. La longue période de la Guerre Froide achève sa destruction par les Soviétiques victorieux et en fait le symbole de la défaite du régime nazi. Il reste ainsi criblé de balles, bordant le Mur, jusqu'à la promulgation de la réunification allemande en 1990. Puis, restauré, il est élevé au rang d'oeuvre d'art contemporaine éphémère le temps de son "emballage" par Christo en 1995. 
Norman Foster achève quatre ans plus tard sa complète rénovation. Un dôme de verre de 23m de haut et de 40m de large, symbolise aujourd'hui la volonté de transparence démocratique. Deux escaliers hélicoïdaux s'enroulent autour d'un cône renversé, paré de miroirs. Celui-ci se prolonge jusqu'à l'hémicycle où siègent les députés, formant un vertigineux puits de lumière.

mardi 15 avril 2008

Jüdisches Museum: Between the lines of Libeskind

Architecture coup de poing de Daniel Libeskind pour le Musée Juif de Berlin qui a ouvert ses portes en 2001. Il se compose de deux bâtiments bien distincts: un ancien de l'époque Baroque et un nouveau dessiné par l'architecte, qui a orienté son propos autour de la notion de vide. En effet, le projet porte le nom de "Between the lines", matière à réflexion sur les dissensions inhérentes à l'histoire germano-juive, évoquée par les deux grandes lignes architecturale et le vide laissé entre elles. Il s'opère alors un jeu de tension entre les lignes droites ou en forme d'éclair, et les interfaces vides ("voids"), symbole à la fois de l'absence de traces laissées par le peuple juif dans le Berlin d'aujourd'hui et du trou béant résultant de l'Holocauste. 

Ce bunker de plus de 3000 m2 retraçant l'histoire du peuple juif en Allemagne, ne peut laisser indifférent quant aux sensations éprouvées au cours de sa déambulation. De l'extérieur, ce gigantesque édifice s'impose dans le paysage urbain par son côté  forteresse de zinc inviolable. Les faibles ouvertures, plus proches de la meurtrière que de la fenêtre, ressemblent à des entailles faites dans la chair du bâtiment. Et ce n'est que la partie émergée de cet iceberg aux formes géométriques déstructurées. 

La visite de l'exposition permanente vous plonge dès votre arrivée dans un univers oppressant et une atmosphère de plomb. En effet, en guise de "mise en condition" à ces longs siècles d'histoire qui relient le moyen-âge à nos jours, un parcours architectural initiatique guide le visiteur. Creusés sous terre, trois "axes" s'offrent à vous et acheminent vos pas vers trois "issues" possibles de l'histoire. Si vous prenez à droite, cette voie vous mène à une terrible impasse: la Tour de l'Holocauste. Au bout du long couloir en ardoise, dont le sol est légèrement en pente, se trouve un "cachot" bétonné protégé par une lourde porte. Quand elle se referme, c'est le silence quasi intégral. On entend à peine au loin les bruits étouffés de la rue et le brouhaha des enfants de l'école toute proche. Prisonnier au coeur de ce quadrilatère irrégulier aux murs froids (la pièce n'est pas chauffée) d'une hauteur de 24m, seule une très faible lumière zénithale se dégage. C'est l'oppression, la peur de l'enfermement, l'impression d'être pris au piège et d'être destiné à une fin tragique. La suite du parcours est tout aussi "grave". 

Le deuxième axe mène au Jardin des exilés. Perte des repères, désorientation, nausée, angoisse... les 49 colonnes, alignées dans ce petit espace carré au sol caillouteux incliné de 12°, ne laissent pas de marbre. Déséquilibré, on se cogne au béton glacé. Bien qu'en plein-air, le manque d'oxygène se fait sentir. Remplie de terre, le sommet de ces stèles pointant vers le ciel se termine par des oliviers. Symbole d'une lueur d'espoir et d'une vie nouvelle pour les 280.000 exilés loin de leur patrie? 

Enfin le dernier couloir, "l'axe de la continuité", débouche sur un grand escalier, dont les marches interminables mènent en leur point le plus haut à un mur, comme si elles pouvaient continuer leur tracé éternellement dans l'espace. On remonte ainsi à la surface et la visite de l'exposition permanente peut alors commencer. S'en suit un long parcours sur deux niveaux, retraçant par le biais d'une muséographie assez ludique - qui contraste vraiment avec l'aspect du bâtiment - la vie des juifs germanophones au cours des siècles. 

Libeskind, cet enfant de famille déportée, n'en reste pas avec le musée de Berlin à son seul musée commémoratif de l'histoire juive. Il est également entre autre l'auteur du Danish Jewish Museum (2004) et en construit un nouveau à San Francisco. Ces réalisations révèlent le suivi d'une ligne à la même esthétique, servant la dureté du propos, comme en témoigne aussi par exemple l'Impérial War Museum de Manchester. 
(Toutes les photos des travaux de Daniel Libeskind en cliquant sur le titre lien)

Berlinische Galerie et Emilio Vedova

Lundi 14 avril 08

Musée national dédié à l'art moderne et contemporain, à la photographie et à l'architecture, la Berlinische Galerie est fondée en 1975. Elle séjourne alors au Martin-Gropius Bau jusqu'en 2004, date d'ouverture de son nouvel espace dans un ancien entrepôt de verre.
Spécialement adapté aux oeuvres de la collection, des plus classiques aux installations les plus complexes, le projet architectural de rénovation a su garder l'aspect fonctionnel du bâtiment industriel. L'espace est divisé en deux niveaux, comportant une mezzanine partiellement ouverte. 


La hauteur des plafonds s'échelonne de de 3,5 m jusqu'à 10 m, afin d'accueillir les travaux monumentaux. L'ensemble fort cohérent participe largement à la mise en valeur des expositions proposées. La Berlinische Galerie possède dans ses collections de nombreuses oeuvres d'artistes berlinois reconnus internationalement, couvrant la période des années 1870 à nos jours, présentées au premier étage. Le parcours permet de découvrir les grands mouvements de l'avant-garde tels la Sécession, la Nouvelle Objectivité et les Nouveaux Fauves ou encore Dada. L'histoire spécifique de la vie artistique berlinoise est quant à elle évoquée au travers d'oeuvres évoquant l'art sous le régime nazi, la ville en l'état de ruines puis divisée, et sa formation de métropole. La scène contemporaine est représentée entre autre par les membres de Fluxus, laissant la part belle à l'oeuvre de Wolf Vostell. Enfin, les expositions temporaires prennent place au rez-de-chaussée, comme l'actuelle rétrospective de l'oeuvre d'Emilio Vedova


En collaboration avec la Galleria Nazionale d'arte moderna di Roma, la Berlinische Galerie rend hommage à un des principaux représentants de l'Expressionnisme abstrait italien. De ses débuts dans les années 1930, jusqu'à sa mort en 2006, Emilio Vedova a produit une oeuvre prolifique, présentée à de nombreuses reprises dans les manifestations internationales comme la Biennale de Venise ou la Dokumenta de Kassel. Une oeuvre essentiellement picturale incisive et expérimentale, explorant divers supports et techniques, se révèle souvent monumentale, comme en témoigne la série des "Plurimi".  



lundi 14 avril 2008

East Side Gallery



La Mühlenstr. conserve aujourd'hui encore les marques du Mur passé. Plus d'1 km de béton recouvert de graffitis pour ne pas oublier et se plonger au coeur de l'histoire. Cette centaine de fresques réalisées en 1990 par des artistes internationaux évoquent l'histoire de la division et de la réunification de la ville. Entre graff, tags, slogans politiques et illustrations en tout genre, cette galerie en plein air, symbole de liberté et classée monument national, est cependant en danger. Victimes du temps qui passe, les fresques se décomposent d'années en années et beaucoup ont perdu de leur éclat originel et s'estompent petit à petit. Une campagne de restauration a commencé en 2000, qui permet de voir aujourd'hui quelques tronçons du Mur en l'état. 

Dimitrij Vrubel & Birgit Kinder : Honecker et Brejnev s'embrassant et la Trabi perçant le mur

Ce lieu est à voir absolument. Il ne reste dans la ville que peu de vestiges du mur, et c'est en longeant ces 1300 mètres, témoins de la folie soviétique, que l'on peut alors s'imaginer la configuration de la ville à cette époque, et se laisser toucher par l'état d'esprit de ces habitants emprisonnés. 

Friedrichshain côté sud

Dimanche 13 avril 08

En cette belle journée, je me décide enfin à visiter le fameux quartier de Friedrichschain, réputé comme "le" quartier alternatif de Berlin. Effectivement, c'est palpable dans l'atmosphère. Il règne autour de la Simon-Dach Strasse une ambiance toute particulière absolument géniale, super détendue et bohème, sans être "bobo". On sent toute l'authenticité de ce quartier ouvrier - il y a de nombreuses friches industrielles - où punks, clubber, galeristes et artistes underground ont trouvé leur place. 

Le week-end se tient le marché aux puces sur la Boxhagener Platz, où l'on trouve de tout : fripes, instruments de musique, vinyles, meubles, bijoux et stands où jeunes créateurs présentent leurs travaux. Il n'est pas rare que des musiciens s'installent dans un coin et participent cette ambiance utlra "cooooool".

Trésor de puces : je sponsorise la jeune création berlinoise!!!

Friedrichshain, le plus petit arrondissement de Berlin, se situe au sud-est, au bord de la Spree. Il est relié à Kreuzberg par l'Oberbaumbrücke (voir photo), pont néogothique datant de 1896  et récemment restauré, qui marquait jadis la frontière entre l'Est et l'Ouest. C'est à cet endroit qu'est d'ailleurs conservée la partie la plus grande du mur: l'East Side Gallery.
 

dimanche 13 avril 2008

Alles ganz grosse Scheisse!!

Vendredi 11 avril 08

Evénement spécial de la biennale d'art contemporain: la reconstitution par Dieter Hacker de l'exposition Alles ganz grosse Scheisse!! Dokumente einer Blockade (die Zeitungen der Frau B.), le temps d'une soirée. Présentés pour la première fois en 1974 dans sa Produzentegalerie, des dizaines de journaux suspendus appartenant à une certaine Mme B,  sur lesquels cette citoyenne lambda a commenté jour après jour les gros titres des médias. Annotations cinglantes et non dépourvues d'humour forment le contenu de cette exposition d'une artiste du quotidien, et c'est avec délectation que le visiteur découvre ces versions "off" d'une actualité révolue. 

C/O Berlin: the cultural forum for photography

Occupant depuis trois ans les locaux de l'ancien bureaux de la poste impériale (Postfuhramt), le C/O Berlin est un lieu entièrement dédié à la photographie contemporaine. 
Commissaires d'expositions d'artistes confirmés (René BurriMartin Paar, Bettina Rheims...) depuis 2000, ses trois fondateurs - le photographe Stephan Erfurt, le designer Marc Naroska et l'architecte Ingo Pott - s'appliquent depuis 2006 à faire découvrir de jeunes photographes et critiques au cours d'expositions monographiques accompagnées d'une publication. Des événements parallèles tels visites guidées,  lectures et discussions avec les artistes complètent la programmation, abordant aussi bien les thèmes de la photographie, du design ou de l'architecture.
 

Can you find happiness? Bettina Rheims au C/O Berlin

Samedi 12 avril 08


Pourquoi m'as-tu abandonnée? L'intention délivrée par les stars des podiums ou du grand écran qui posent devant l'objectif de Bettina Rheims est claire. Panorama des réactions de la passivité à la folie devant la perte de l'être aimé et le trouble que cela laisse. La photographe sait mieux que personne photographier les femmes, prise dans leur intimité (chambre, salle de bain...), tout en montrant leur détresse sous la facette du glamour flamboyant. A la lisière entre photographie de mode et ethnologie d'un peuple sensible, Bettina Rheims casse pourtant les codes de la représentation classique et nous offre des images fortes et trash, dans lesquelles règne le chaos des sentiments. Elle sait sublimer la beauté de ses modèles tour à tour vulnérables ou démoniaques, trouver la faille et nous l'offrir sur un plateau d'argent. 

Mises en scène ultra léchées, couleurs chatoyantes, stylisme haute-couture, précision du décor et des accessoires, donnent à ces grands tirages sur papier glacé un pouvoir attractif sublime. On pénètre immédiatement dans cet univers paradoxalement criant d'authenticité et parodique - non sans rappeler les célèbres clichés de Cindy Sherman où elle se met dans la peau d'une actrice de série B - puis on se laisse toucher par cet idéal de Beauté incarné ici par la jeunesse. 

Parmi les 95 oeuvres présentées au C/O Berlin, une sélection des toutes aussi magnifiques photographies extraites des séries Chambre closeShanghai et INRI côtoient  les couvertures de magasines de mode et les spots publicitaires réalisés par Bettina Rheims

Tiergarten: le parc


Samedi 12 avril 08

32 km de sentiers en plein coeur d'une capitale, ça fait rêver, non? Bienvenu dans la jungle berlinoise, faite de pelouses, d'arbres, de lacs... un p'tit coin de paradis loin de l'agitation de la ville, un moment de pure ressource chlorophyllienne! Que du bonheur...
Aménagé dès 1650 par Frédéric III  pour en faire son domaine de chasse, le Tiergarten ("Jardin des animaux") devient jardin public au XVIIIe siècle. A tel point qu'il fût quelque peu déboisé par les berlinois au cours des terribles hivers de 1946 et 1947. C'est donc au milieu de "jeunes pousses" que l'on s'y rend pour faire une belle balade à pied ou à vélo, ou qu'on le traverse le week-end pour atteindre le célèbre marché aux puces ("Flohmarket") de la Strasse des 17. Juni